• C’est dans les profondeurs de la nuit qu’Eldiorn, entre deux sanglots, me raconta son histoire. Celle de deux parents séparés lorsqu’il avait 8 ans, celle d’une famille brisée par la maladie de sa sœur atteinte d’un trouble mental, celle d’un garçon qui ne se sent jamais chez lui, celle d’un adolescent qui a dû prendre soin de lui et d’une petite fille tout seul. Je l’écoutais avec attention, cherchant des mots rassurants pour l’apaiser. Lorsque les premiers rayons de l’aube pénétrèrent dans ma chambre, nous nous étions endormis d’épuisement. Eldiorn s’était blotti contre ma poitrine comme un bébé. Il doit bien être 10 heures du matin désormais. Je m’extirpai doucement de son étreinte pour aller m’assoir à mon bureau. Il faut que j’écrive le poème pour Hélia, j’ai besoin de lui raconter tout ça. Par quoi commencer... J’essayai de trouver les bonnes rimes, les bonnes images mais rien ne vint. Je me mis à penser à elle, ses gestes, nos souvenirs. Ça y est ! Je sais exactement comment écrire mon poème ! Je me mis à rédiger les vers sur un papier vert pastel, sa couleur préférée, à l’aide d’une encre dorée. Je voulais que tout soit parfait.  Mon copain se réveilla lorsque j’eus fini mon poème. Il vint passer ses bras autour de moi pour me dire bonjour.  

    — Ça va mieux ? Lui demandai-je.  

    — Oui grâce à toi... Bon, je ne vais pas rester trop longtemps, il faut que je rentre. Me dit-il en enfilant une chemise et un sweat-shirt.  

    Il vint m’ébouriffer les cheveux et parti de ma chambre. Je le regardai s’éloigner de ma maison depuis ma fenêtre. J’étais tellement absorbée par lui que je n’avais pas noté que les premiers flocons de neige tombaient sur le sol. J’ouvris mes rideaux et criai à mon copain de regarder autour de lui. Il se retourna vers moi et s’écria à son tour avant de lâcher son premier “Je t’aime” auquel je répondis “Moi aussi”. Nous échangions, avec la moitié du voisinage, nos premiers mots d’amour, que c’est romantique ! Je repris mes esprits et disposai mon poème dans une belle enveloppe que je rangeai aussitôt dans mon sac pour ne pas l’oublier. J’enfilai un gros pull bleu en laine tricoté par ma grand-mère Jackie, c’est pour cette raison que je m’appelle Ulysse Jackie Wilson, et un jean slim noir troué aux genoux. Je pris ma veste en jean dans mon dressing et déboulai les escaliers, mon sac sur le dos. Maman et Papa étaient déjà partis pour le travail et Matty se trouvait à l’école depuis 8 heures du matin. Il n’y avait que moi et Léonard qui dormait sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. J’avalai mon bol de céréales et parti immédiatement de la maison, de peur de rater mon bus. Dehors, c’est comme si le monde s’était mis sur pause. Le paysage est tout blanc, seules les décorations de Noël s'accumulant sur le porche et le toit des maisons ajoutaient des touches de couleurs à mon champ de vision. J’adore le bruit de mes pas dans la neige et la buée sortant de ma bouche à chaque expiration. Même si je n'aime pas spécialement la fraicheur du temps d’hiver, j’apprécie, malgré tout, la fragilité avec laquelle la nature se préserve face à la maigre température s’abattant sur elle. J’arrivai avec maladresse, glissant sur le béton recouvert de givre, le teint rosé mais le sourire aux lèvres. Je vis le bus s’approcher, le moteur rugissant. Arrivé devant moi, le pot d’échappement me réchauffa. Je montai les marches de l’autobus et allai m’assoir au fond de celui-ci. Les écouteurs dans les oreilles et trop concentrée sur la place que je voulais occuper, je ne remarquai pas qu’Hélia se trouvait là elle aussi. J’aperçus sa rousse chevelure, cuivrée par ce temps d’hiver. Elle me fit un sourire mais ne maintint pas son regard. Pourtant j’allai m’assoir à ces côtés.  

    — Il fait sacrément froid tu ne trouves pas ? Dis-je tout haut.  

    Elle fut très surprise d’entendre de nouveau ma voix, elle quitta subitement les yeux de son manuel d’histoire pour m’inspecter avec étonnement. Bouche bée et les yeux écarquillés, je pu distinguer dans ses yeux un certain émoi. Sans que je puisse m’y attendre, elle se jeta dans mes bras.  

    — Oh Ulysse, tu m’avais tellement manqué !  

    — Doucement, doucement ! M’esclaffé-je. Je ne pouvais m’empêcher de rigoler. 

    Nous passâmes le trajet à nous raconter nos vies, de ce qu’il s’était produit dans notre quotidien respectif. Hélia avait été voir sa mère en France un week-end, elles avaient pu faire un tableau toutes les deux. Avec Déméthys, elles ont continué à chercher des membres pour notre club mais sans succès. Je lui avouai ma récente relation avec mon copain, notre rencontre, l’épisode avec Peter quand celui-ci a débarqué chez moi, ma visite dans le bureau de M.Lovergrant... 

    — En parlant de bouquins ! J’ai fait pas mal de recherches dans le livre que nous avions trouvé à la bibliothèque il y a trois mois. Il faudrait qu’on fasse une réunion au lycée pour aborder tout ça ! Me proposa-t-elle.  

    — Oui assurément ! D’ailleurs, tu as remarqué ? On a eu aucune vision depuis notre dispute, c’est comme si cette partie de notre vie s’était envolée...  

    — Etrange... Murmura-t-elle.


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  •  Nous nous donnâmes rendez-vous pour midi dans la salle n°236, dédiée à notre club “d’expériences oniriques”. J’arrivai à l’heure à ma grande surprise et déposai mon sac sur le bureau. Personne n’est encore arrivé... Je meurs de faim ! Elles pourraient se dépecher tout de même ! J’avais parlé trop vite, elles débarquèrent pile à ce moment-là.  

    — Ah bah enfin ! M’exclamai-je 

    — Désolée, on avait cours à l’autre bout du campus... Répondit Déméthys tout en se dirigeant, les bras ouverts, vers moi.  

    Elle vint m’enlacer tendrement. Je me réjouis d’avoir enfin pu me réconcilier avec elle, nous étions amies maintenant. Nous nous installâmes en cercle à même le sol. Je commençai en leur confiant ma découverte sur Esmée dans le bureau de notre professeur principal :  

    — J’ai découvert l’existence d’un monde appelé Daxus. Il y règne une sorte de déesse nommée Esmée. Elle est également appelée “Gardienne des Âmes déchues"… 

    — Oh ! Ils en parlent dans mon livre ! Cria Hélia 

    Elle sortit de son sac l’énorme livre que nous avions dérobé à la bibliothèque. Elle commença à lire.  

    — Il s’agit des Princesses perdues de Daxus, un chapitre entier... Non deux chapitres leur sont attribués !  Les princesses étaient prédéstinées à diriger tout un univers mystique. On les soupçonne de s’être enfuies mais n'ont jamais été retrouvées. Cela fait plus de 340 ans que leur mère, Esmée, les cherche.   

    — 340 ans tu es sûre ? Demanda Déméthys intriguée.  

    — Oui ! Esmée est immortelle, tout comme ses filles. Répondit Hélia, en vérifiant sur la page suivante.  

    — J’ai aussi trouvé autre chose... Le livre mentionnait également une source d’énergie liant le spiritisme et les rêves. Cela s'appellerait l'ygró... c’est du grec, j’ai vérifié sur internet. Cela signifie “fluide”. Précisai-je.  

    — Bon... maintenant qu’on sait tout ça, qu’est-ce qu’on fait ? Je n’ai encore jamais fait de rêves comme les vôtres, je me sens un peu inutile. Dit Déméthys.  

    Nous profitâmes de ce moment de réflexion pour déguster notre repas. J’ouvris mon sac pour prendre ma gourde et mon sandwich mais celui-ci était bloqué par un objet imposant... Qu’est-ce-que j’aurai bien pu mettre dans mon sac ? J’examinai l’intérieur de mon cabas et découvris le fameux carnet de M.Lovegrant... Pourtant, je ne me souviens pas de l’avoir pris de la malle avant de partir. Curieux... me l’aurait-il glissé dans mon sac sans que je puisse m’en rendre compte ? C’est fort possible, ce professeur est timbré de toutes façons. Je prendrais le temps de le lire plus en détails ce soir.  

    Ce soir-là, je rentre chez moi impatiente de découvrir ce que ce carnet renfermait à propos de Daxus. Je rentrai dans le hall de ma maison et montai immédiatement dans ma chambre. Je m’installai à mon bureau et me mis à lire. Je n’en revenais pas... Ce monde est très complexe. Je pus voir des dessins et des cartes illustrant cet univers imaginaire tout droit tiré d’un conte merveilleux. Je m’assoupis tard de la soirée, la tête remplie de nouvelles sensations.  

    La puissante lumière blanche du jour me réveilla. Je mis du temps à ouvrir complètement les paupières et à m’extirper de mon lit. Mais le choc fut vif ! Je n’étais pas dans ma chambre ! Cela recommence... Il ne me faut pas beaucoup de temps pour me rendre compte que je suis de nouveau dans la salle blanche dans laquelle je n’avais pas remis les pieds depuis deux longs mois... Hélia n’est pas là. Je suis seule face à ce nouveau rêve. La salle n'est pas exactement la même, les murs sont redevenus opaques mais désormais, deux longues rangées de colonnes de marbre se dressent devant moi formant un long et interminable couloir. Mon pendentif se mit à briller de sa lueur violette. Je compris qu’il fallait que j’avance. Je marchai longtemps, trop longtemps. Cette salle n’est peut-être qu'une infime partie d’une énorme forteresse blanche et lumineuse. J’entendis un murmure, une petite mélodie provenant du bout du chemin lumineux que je suivais. La lumière jaillit soudainement et m’aveugla. J’entendis une voix féminine et maternelle m’appeler de mon nom. Je me mis à courir.


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  • Je débarquai dans une gigantesque salle de marbre, ornée de gravures dorées. En son centre trônait une femme immense. Elle devait bien faire 30 mètres de haut. C’était la déesse Esmée, je ressentais quelque chose de familier avec elle. Sa seule présence réussit à me paralyser d’admiration. Autour d’elle flottait d’immenses papillons nébuleux, laissant trainer derrière eux un voile de poussière. Ils se posaient sur ses épaules ou dans le creux de ses mains. C’était les âmes déchues.  

    Je me réveillai brusquement, dérangée par mon réveil qui produisait un bruit assourdissant. Cela fait des semaines que je n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit. Je refais de l’insomnie. Aujourd’hui, je dois aller chez Eldiorn pour fêter son anniversaire. Je lui ai acheté un nouveau bonnet brodé de nos initiales en guise de cadeau. Hélia et Déméthys seront là elles aussi. Mon copain tenait à les rencontrer. Je me levai difficilement de mon lit. Je n’ai plus de forces, mon corps commence déjà à puiser dans ses ultimes ressources. Je dévale les escaliers, mon ours en peluche toujours dans la main. J’essaie de manger le plus possible pour reprendre un maximum de forces. Maman a préparé une grande table recouverte de paniers garnis de viennoiseries, de toasts et de pain. Je saisis une brioche et un petit pain que je m’empresse de recouvrir de confiture et de beurre de cacahuète. Je me prend également un verre de jus de raisin. Matty arrive, les cheveux ébouriffés.  

    — Câlin... Gémit-il en me regardant avec une tête chien battu.  

    Je me levai de ma chaise et le saisit dans mes bras. Je le serrai fort dans mes bras. Maman ne put s’empêcher de lâcher un commentaire de type “oh qu’ils sont mignons !”...  

    — Ulysse, tu veux que je t’accompagne chez ton copain ? Me demande Maman.  

    — Non ça ira ! J’y vais en vélo, je dois partir à... Mince ! Je suis déjà en retard !  

    Je dévale à toute vitesse dans le hall d’entrée, ma brioche encore dans la bouche. J’enfile difficilement mes chaussures et brandis ma doudoune rouge brique. Dehors, il fait atrocement froid. Heureusement qu’Eldiorn ne vit qu’à quelques rues d’ici... Je pédale aussi vite que je peux. Au dernier tournant de la rue perpendiculaire à la mienne je manquai de me prendre un réverbère en pleine face... Je suis un vrai danger public sur ce vélo ! Je parviens tout de même saine et sauve au numéro 419. La bâtisse est gigantesque ! Je m’avance vers le portillon à la recherche d’une sonnette sur laquelle appuyer...  

    — Eh qu’est-ce que tu fais ! Cria quelqu’un à ma droite.  

    Je sursautai, manquant de faire tomber mon vélo. Eldiorn se tenait sur le porche d’une autre maison. Bizarre...  

    — Tu t’es trompée ! Me dit-il en ricanant. Comme tous les autres... J’habite au 419 BIS, ce n’est pas précisé sur les insignes alors... 

    Sa maison n’avait rien à voir avec celle de ses voisins. Elle était plus petite, délabrée et semblait être dépourvue d’étage. Le jardin est en piteux état et le portillon ne se fermait pas correctement. Le contraste est flagrant. J'essaie de cacher mon étonnement mais il comprit dans mon regard ce que je pensais à son égard.  

    — Tu es déçue c’est ça ? Demanda-t-il gêné.  

    — Non... c’est juste que... je suis surprise. Murmurai-je. Je ne savais pas quoi lui dire.  

    — Aller viens ! On rentre, je suis sûre que les bons petits plats que j’ai préparés te remonteront le moral ! Me dit-il en prenant le guidon de mon vélo.  

    Nous pénétrons dans sa maison où la fête a déjà commencé. Hélia et Déméthys se précipitent vers nous. Elles m’enlacent à tour de rôle et repartent dans le salon. Il y a de la musique et la pièce semble remplie. Eldiorn me prend la main et m’accompagne au bout du couloir. Sa belle-mère surgit de la cuisine, un grand plat dans les mains. Elle est petite, à la peau claire, les cheveux blonds virant au blanc avec l’âge. Ses yeux vert sapin sont surlignés d’un long trait d’eye-liner doré. Elle porte une blouse à fleur jaune et une salopette assortie à ses yeux. Sur la petite poche de devant est brodé un oiseau en plein envol. Elle dépose le plat sur la commode se trouvent à ses côtés pour venir me saluer.  

    — Ulysse ! Cela fait des semaines que je meurs d’envie de te rencontrer, je suis Sheila ! M’expliqua-t-elle en me frictionnant le dos lors de son étreinte. 


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  • Par la suite, je pu faire la rencontre de son père Franck. Il était fort sympathique, toujours en train de faire des blagues. Sur ses genoux était installée Lavande, la sœur jumelle d’Ediorn. Elle lui ressemblait beaucoup. Elle avait son regard, ses sourcils épais et foncés et ses yeux bleu. Cependant, je constatai qu’elle portait une robe d’enfant, ses cheveux blonds étaient tressés sur le côté et elle tenait dans ses bras un petit chaton blanc avec une tâche rousse sur le museau. On lui donnerait l’âge de 8 ans en la voyant comme ça. Pourtant aujourd’hui elle fête ses 17 ans, tout comme mon copain. Vers midi, nous nous installâmes autour d’une table pour célébrer l'anniversaire. La salle à manger n’était pas très spacieuse alors les parents nous ont laissés entre-nous.  Autour du gâteau étaient présents toutes les personnes que j’aimais : Eldiorn, Hélia, Déméthys... nous n’étions pas beaucoup. Lavande était partie avec les parents. Plus tard dans l’après-midi, après que les cadeaux furent offerts, mon copain me fit visiter sa petite maison. Les murs étaient rongés par l’humidité et le manque d’isolation. Le sol grinçait beaucoup. Sa chambre se trouvait tout au bout du couloir. Elle était petite elle aussi mais me rappelait la mienne. Le lit n’était pas fait, le bureau était recouvert de carnets et de papiers et sur les murs étaient accrochés ses multiples skates. Seule une petite fenêtre éclairait la pièce. J'aimais cette pénombre. C’était l’occasion pour moi et lui confier ce qu’il se passait dans ma vie ! Je suis fatiguée de lui cacher l’existence de mes visions et de mes rêves étranges. Cela fait déjà un mois qu’on est ensemble, il a le droit de savoir... 

    — Eldiorn il faut que je te dise quelque chose... en fait, c’est assez important.  

    — Quoi ? Me demanda-t-il inquiet.  

    — T’inquiète, ce n’est rien de grave mais...  

    Quelqu’un ouvrit la porte de la chambre. Je lâchai un long soupir. Je fus interrompue en plein élan. Lavande pénétra timidement dans la chambre de son frère. Elle me fixait... 

    — Oui Lavande ? L’interrogea Eldiorn.  

    — Je suis perdue... murmura-t-elle, le regard toujours tourné vers moi.  

    Cette fille me fait flipper. Elle est malade ou quoi... Mince, j’avais oublié ! Eldiorn m’avait parlé de tout ça. Lavande avait des problèmes mentaux depuis le divorce de leurs parents...  

    — Lavande, tu n’es pas perdue d’accord ? Tu es à la maison, tout va bien. Lui dit calmement son frère, les mains sur ses épaules.  

    Il se retourna vers moi comme pour s’excuser et accompagna sa sœur dans le salon, me laissant seule dans la chambre. En partant, je l’entendis encore murmurer “Je suis perdue”. Je décidai de rejoindre les autres invités. Je me confirais plus tard. Mes amies étaient dans la cuisine, en train d’aider les parents d’Eldiorn à débarrasser la table. Lorsque je pénétrai dans la pièce, Hélia me regarda d’un air malicieux. Elle vint me rejoindre dans l’embrasure de la porte.  

    — Alors comme ça tu t’éclipses avec ton copain dans sa chambre ? Tu sais, si tu veux qu’on vous laisse roucouler on peut partir ! Me dit-elle en ricanant pour me taquiner.  

    — Chut ! Ses parents sont juste à côté de nous ! Répondis-je en rigolant moi aussi.  

    Soudainement, Sheila passa sa tête au-dessus de mon épaule. Elle m’enroula de ses bras mais je ne comprenais pas pourquoi.  

    — Attend ne bouge pas Ulysse... me dit-elle. J’essaie juste.... Voilà ! Retourne-toi... oh il te va à ravir ! S'écriai-t-elle. 

    Je regardai autour de mon cou. Un second collier accompagnait à présent mon pendentif en forme de plume.  

    — Oh Madame c’est magnifique ! Vous n’étiez pas obligée, c’est l’anniversaire de votre fils pas le mien...  

    — Cela me fait plaisir, et puis c’était l’idée d’Eldiorn. Me dit-elle en pointant mon copain du doigt, le sourire aux lèvres. Il trouvait que ce bijou te représentait bien, alors que j’ai décidé de t’en faire cadeau !  

    Le collier avait une chaîne très courte plaquée or et ornée de multiples minuscules perles nacrées. À son extrémité se trouvait une perle plate plus imposante et translucide dans laquelle était piégée une petite rose dorée. Il était magnifique !  


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  • Tous les invités avaient le regard fixé sur mon cou. Hélia m'adressa un large sourire. 

    — Il te va à la perfection ! Me dit-elle.  

    La soirée continua dans une très bonne ambiance, nous prîmes encore un apéritif lorsque le soleil commençait à se coucher. Nous avions passé une bonne journée. Hélia et Démethys avaient totalement approuvé ma relation avec Eldiorn. J’étais ravie de les voir rigoler tous ensemble. Alors que les étoilent apparaissaient une par une dans le ciel noir, nous décidâmes d'aller chercher nos manteaux afin de partir. Je pris celui de Démethys avec moi.  

    — Eldiorn où est Dem’ ? Demandai-je.  

    — Aucune idée ! Me répondit-il  

    Bizarre, je l’avais vue il y a à peine cinq minutes sur le soja en train de discuter avec Lavande et Franck. Je fis le tour de la maison sans résultat. Mais où était-elle ? Impossible qu’elle soit partie sans son manteau favoris, une parka sur laquelle elle avait cousu ses patchs collectionnés au fil de ses récents voyages. Sheila ne l’avait pas vue passer le pas de la porte de toute la soirée... Je commence à m’inquiéter.  

    — Hélia je crois qu’on a un problème... Dis-je discrètement à son oreille.  

    — Ah bon ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Me questionna-t-elle les yeux écarquillés.  

    — Déméthys a disparu...  

    Franck entendit notre conversation et se mis à mobiliser tout le monde. Chacun alla refaire un tour dans la maison vérifier s’il ne s’était pas isolé quelque part. Introuvable. Il se faisait tard, dehors les températures ne dépassaient pas les deux degrés. Sans veste, Dém’ devaient se trouver en mauvaise posture. Sheila pris des lampes de poches dans le tiroir de la cuisine, nous en donnant à Hélia, Eldiorn et moi. Nous sortîmes tous de la maison. Notre petite ville était située près d’une grande forêt. Je priai pour que nous n’ayons pas besoin de chercher là-bas. De nuit, les bois me font peur.  

    Durant une heure nous fîmes le tour du quartier tout en téléphonant aux parents de mon amie, ils ne savaient pas où elle se trouvait. Sa mère paniquée avait appelé la police. Celle-ci était surchargée par d’autres missions plus importantes et lui avait fait comprendre qu’elle n’interviendrait pas dans les recherches... Nous étions donc seuls à chercher. Minuit, toujours rien, la fatigue commençait à se faire sentir dans nos jambes lorsque le père de mon copain proposa d’aller chercher dans la forêt.  

    — On va devoir se séparer en deux groupes, Eldiorn je te laisse la garde de Lavande, ta mère va rentrer à la maison vérifier si Déméthys n’est pas retournée là-bas. Hélia tu viens avec moi. Il faut que tu sois avec moi pour la rassurer si nous la retrouvons, tu es son amie.  

    C’est parti pour une virée, de nuit, dans un bois effrayant... Eldiorn me tenait la main, l’autre tenant la lampe torche. La forêt était dense, on ne voyait pas grand-chose. Je commençai à vraiment trouver cette histoire louche.  

    La lune brillait dans le ciel, le bruit de nos pas résonnait dans l’atmosphère. Soudain, je vis au loin une brume blanche opaque. Je brandis la lampe pour y voir plus clair. J’avais une intuition... Je pris la main de mon copain et commencai à courir vers la brume. Nous courrons si vite que nous manquons de tomber plusieurs fois, les pieds pris dans les racines des arbres.  

    — Oh mon dieu ! M’écriai-je. M’arrêtant net sur ce que je voyais devant moi.  

    Au milieu de cette brume opaque se trouvait Déméthys, inconsciente, allongée sur un lit de mousse. Je pris la veste que Lavande tenait et la posai sur le corps frigorifié de mon amie. Que faisait-elle depuis tout ce temps en pleine forêt ? Pourquoi était-elle évanouie ? Pleins de questions me venaient en tête, je ne savais pas quoi faire, comment réagir. Tout à coup, je sentis dans ma poitrine une forte chaleur.  

    — Observe Ulysse, regarde bien.... Murmurai une voix dans ma tête.  

    Je me penchai au-dessus de Déméthys. Ses yeux étaient ouverts ! Une lueur verte brillait dans son iris... Ce pourrait-ce que….  

    — Laisse-moi voir ! Cria Lavande.  

    La petite fille, enfin d’apparence, s’élança auprès du corps au sol.  


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  • Elle l’inspecta avec attention, presque trop à mon goût. Elle s'arrêta net lorsqu’elle vit les yeux scintillants illuminé d’une lumière verte. Mais elle n’était pas effrayée, ni déroutée par ce qu’elle voyait. C’est comme si tout était normal...  

    — Wow... C’est absolument parfait... Murmurai-t-elle sans arrêt. 

    Son frère la pris par les épaules pour l’écarter du corps. Nous prîmes nos portables pour joindre Hélia et Franck qui arrivèrent cinq minutes plus tard essoufflés. Les pompiers sont venus chercher Déméthys et nous sommes tous allés à l’hôpital.  

    Je me trouvais assise dans le couloir à côté d'Eldiorn. Hélia était rentrée chez elle, les parents de mon copain aussi. Nous n’allions pas tarder nous non plus. Les néons blancs de l’hôpital me brulaient la rétine. Tout était si neutre, vide de sens et triste. Devant la chambre 16 où mon amie se reposait, je repensais à cette soirée d’anniversaire qui a viré au cauchemar. Pourquoi rien ne peut se passer normalement ? Je serrai les mains d’Eldiorn par frustration.  

    — Ça va ? Me demanda-t-il. 

    — Oui tout va bien... c’est juste que, je voulais te dire quelque chose tout à l’heure... 

    Il se tourna vers moi, me fixant sérieusement. Je sentis son corps se raidir d’inquiétude.  

    — C’est par rapport à Peter ? Tu repenses encore à lui ? Dit-il en baissant son regard.  

    — Quoi ? Non pas du tout ! Qu’est-ce-qui te fais penser ça ? M’esclaffai-je.  

    — Hélia m’a dit que vous aviez été proches pendant une période et que vous aviez arrêté de vous parler lorsque je suis apparu dans ta vie... Quand on y pense, vous n’avez jamais vraiment mis les choses au clair. Je me dis que tu as peut-être des doutes, que ton choix n’est pas encore fait... M’expliqua Eldiorn.  

    — Arrête, tu n’as aucune raison de douter de ça. Je.... Je t’aime tu le sais non ? Dis-je d’un ton déterminé.  

    — Je sais... murmura-t-il. 

    — Mais quoi ?  

    — J’ai un mauvais pressentiment, comme si tu me cachais quelque chose. Comme si tu n’avais pas confiance en moi... Des fois j’ai peur que tu sois avec lui. M’avoua-t-il.  

    — Quoi ? Eldiorn je ne ferai jamais ça ! Comment peux-tu penser ça de moi ? Je ne suis pas ce genre de filles ! Lançai-je, commençant à m’énerver.  

    Il soupira et ajouta : 

    — Je ne sais pas, je sens un truc qui n’est pas net c’est tout.  

    — Et bien continue à te faire des films tout seul, je rentre chez moi. Déclarai-je en me levant.  

    Je quittai l’hôpital en sentant les premières larmes couler. Il n’arrivait pas à me faire confiance, alors que nous venions de passer toute une journée ensemble, sans parler une seule fois de Peter, sans aucune tension, juste du bonheur. Je marchai tout le long du chemin en pleurant. J’étais fatiguée, secouée par les événements. Il était trois heure du matin lorsque je parvins enfin à ma maison. Papa et Maman m’attendais dans le salon. Ils virent me prendre dans leurs bras aussitôt. Même le chat se frotta contre ma jambe. Je m’écroulai dans mon lit, sans prendre la peine de me mettre en pyjama.  

    La lumière du jour me réveilla. Léonard s’était blottis sur mon torse pendant que je dormais. Je le caressai tout en trainant sur mon téléphone. Aucun message. Je me trainai jusqu’à la salle de bain pour prendre un bon bain chaud. Je retirai mon pull et mon jean. Ma peau était si pale... Mes cernes de plus en plus prononcés par mes insomnies. Mes cheveux avaient pas mal poussé. Ils m’arrivaient presque au nombril. Je plongeai mon corps fatigué dans l’eau brulante. J’étais seule, au calme, paisible. Je suis restée là pendant une bonne heure, à méditer sur ma vie. Puis je pris du temps pour moi, me mettre du vernis noir, m’appliquer un masque sur le visage... La totale ! J’enfilai par la suite un pull couleur ocre et une jupe en jean avec des collants opaque noirs. Je l’avais achetée avec Eldiorn.  

    — Tu ne mets jamais de jupes Ulysse, tu devrais essayer celle-ci ! M’avait-il dit en désignant la jupe du doigt.  

    J’avais hésité mais rien à faire, cinq minutes plus tard je me trouvai dans la cabine d’essayage avec Eldiorn assis de l’autre côté du rideau, attendant mon plus beau défilé de mode. Je montrai le rendu à mon copain qui ne fit qu’approuver ! Il me l’avait offerte.  


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  • Je soupirai face au miroir en chassant ce bon souvenir de mon esprit. Je pris mon téléphone, toujours rien. Il ne m’avait pas envoyé de message. Même pas pour savoir si j’étais bien rentrée. Je pris mes affaires sur mon bureau. En prenant mon agenda sur le rebord de la fenêtre je vis une tête rousse ouvrir le portillon de mon jardin. Hélia ! Je ressemblai mes affaires dans mon sac et descendis dans la cuisine. La sonnette retentit. J’ouvris la porte sans hésitation et m’écriai :  

    — Hélia qu’est-ce-que tu fais là ? 

    — Je me suis dit qu’on pourrait déjeuner ensemble et aller au lycée ensemble comme au bon vieux temps ! Dit-elle en tendant un sandwich maison emballé dans du film plastique. Nous nous sommes assises sur les tabourets pour manger et discuter.  

    — Je vois bien qu’il y a un truc qui ne va pas... tu t’es disputée avec Eldiorn c’est ça ? Me demanda-t-elle en posant sa petite main sur mon épaule.  

    — Oui... Il pense que je suis encore attirée par Peter, que je lui cache des choses. J’ai essayé de lui parler de nos rêves, je voulais qu’il soit au courant, mais là Lavande a débarqué et je n’ai plus eu d’autres occasions de la soirée. Expliquai-je.  

    — Mince ! Désolée tout est de ma faute, c’est moi qui lui ai parlé de Peter...  

    Je lui fis comprendre qu’elle n’avait pas à s’en faire et nous avons ensuite changé de sujet. Hélia s’inquiétait énormément à propos de Dém’. Je lui parlai de ce que j’avais vu, de ses yeux étranges et de la réaction de Lavande. Puis il fut temps d’aller au lycée. 

    — Oh d’ailleurs ! Nous avons cours avec notre cher Lovergrant aujourd’hui. Dit-elle en ricanant.  

    — Oui ! Heureusement, il a arrêté de me convoquer sans cesse pour des entretiens. Je n’en pouvais plus de lui parler de mon avenir sans cesse...  

    — À ce propos, j’ai parlé à d’autres personnes de notre classe et il s’avère que tu es l’unique élève à qui il a imposé ce genre de rendez-vous. C’est tout de même bizarre non ?  

    En effet c’était bizarre mais finalement plutôt logique. Hélia et moi sommes les seules redoublantes de notre classe et je suis la moins studieuse des deux. Il parait donc logique que notre professeur principal soit derrière mois pour palier à un second échec de ma part.  

    A notre arrivée au lycée, aucun élève de notre classe ne se trouvait devant notre salle. Sur la porte était affichée une feuille A4 avec inscrit dessus “Professeur Absent” au marqueur noir. Ce fut comme ça toute la semaine... Nous n’avions plus aucun signe de vie de la part du Professeur Lovegrant. Une personne disparaissant de la sorte, cela ne présage jamais rien de bon...  

    C’est le jour de Noël. Cela fait plus d’une semaine que je n’ai pas de nouvelles d’Eldiorn. On se croise parfois au lycée mais rien de plus. Je crois vraiment qu’il faut que l’on parle, la situation commence à me peser. Je suis chez les Summers. Hélia m’a invité pour le réveillon. Mes parents m’ont autorisée à ne pas participer au repas familial pour une fois. Tout est sublime, le salon est décoré à l’occasion de multiples guirlandes lumineuses. Sur le rebord de la cheminée sont posés des statuettes de Père Noël faites main. Nous sommes trois autour de la table et pourtant la conversation est bien chargée ! Le père d’Hélia est vraiment passionnant ! Il connaît tellement de choses.  

     

    (je précise que ce n'est pas la fin du chapitre mais je voulais tout de même poster les dernières pages que j'avais écrites) 


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