-
fin chapitre deux
— Tu es sûre que tu ne veux pas parler de ce qu'a dit Peter ? M'interroge mon amie.
— Je sais...il a dit la fameuse phrase. Je prédis l'avenir, houra ! Dis-je ironiquement en levant les poings vers le ciel.
— C'est probablement très difficile pour toi à vivre mais je pense qu'il faut qu'on continue nos recherches... et aussi.. Qu'on se rapproche de Peter.
— Quoi ? Hors de question qu'on devienne amies avec ce mec ! Hélia, après tout ce qu'ils t'ont fait ! Je proteste.
— Ce n'est pas lui qui m'a harcelée, je te l'ai dit ce sont les Cam's. Il a pris ta défense, donc au fond il n'est pas si méchant que ça.
Elle a raison, comme toujours. Je me contente de lui adresser un timide sourire avant de reprendre la dégustation de mon sandwich. Heureusement, ce détail a pu égailler ma journée qui n'a pas du tout bien commencé, tout se fini bien quand je suis avec elle. Je me lève de la banquette sans un mot et je l'enlace. Nous ne nous touchons pratiquement jamais avec Hélia, pourtant nous sommes très proches.
Il est plus de dix-neuf heures, il faut qu'on rentre. Nous sortons du restaurant pour rejoindre notre ligne de bus.
— Oh Ulysse ! J'avais oublié de te demander, tu comptes te déguiser pour la fête d'Halloween ce week-end ? Me demande-t-elle enjouée.
— Mince ! J'avais complètement zappé cette foutue fête... Je ne sais pas et toi ?
— J'aurai aimé faire un déguisement coordonné avec le tien, une sorte de duo. Ça te dit ?
— Oui bien sûr !
Le week-end suivant nous nous sommes alors réunies avec Hélia pour confectionner nos costumes avant la fête. En réalité, ils étaient déjà prêts et impeccables quand je franchis la porte de la chambre. Elle avait acheté deux anciennes robes bouffantes des années cinquante et des rubans pour les cheveux assortis.
— Nous serons déguisées en demoiselles d'époque ! Je n'avais pas d'inspiration pour faire un costume effrayant alors je me suis dit qu'on pourrait se démarquer avec ça. Me dit-elle presque gênée.
— C'est parfait ! Lui dis-je en sautant dans ses bras. Nous serons superbes !
Nous nous sommes mises d'accord sur la distribution des robes. Hélia allait porter la verte pâle et moi la rose. La fête se déroule chez l'un des garçons de l'équipe de foot, Camryn m'avait invitée avant le drame au lycée, heureusement nous savons que tout le lycée y est convié, c'est une sorte de bal d'Halloween. Tous les élèves sont présents, déguisés et déjà à moitié bourrés. Nous nous enfonçons dans la foule de zombies et de sorcières aux doigts ensanglantés, il y a une chouette ambiance pour une fois. Les rideaux sont tous déchirés et parsemés de toiles d'araignées artificielles. C'est plutôt réussi, exceptés le fait que la tarentule mesure plus d'un mètre de long. Hélia et moi sommes plutôt coquettes au milieu des autres, même si nos costumes ne sont pas particulièrement effrayants, ils font l'affaire. La musique est de bon goût, je reconnais le DJ, c'est Sammy, l'un de mes camarades en cours de maths, pas très bavard mais mignon avec ses tâches de rousseurs et ses cheveux blonds bouclés. Je me mets à danser tout en le regardant. Hélia part se chercher à boire, un soda, pas d'alcool pour nous, mes parents sont très stricts par rapport à ça. Il y a longtemps j'ai eu le droit de goûter une gorgée de vin rouge, j'ai détesté. Sammy fini par me remarquer et m'adresse un timide sourire qui en dit long. Jackpot ! Tandis que je tente de me frayer un chemin vers les platines, un gros bruit retenti soudainement près du bar. Je regarde le sol se couvrir de soda. Des piles de gobelets en plastiques se sont effondrées par terre et tout le monde commence à s'écarter de la table où étaient disposés il y a encore cinq minutes les multiples petits fours et apéritifs. Camryn est de l'autre côté de la pièce, morte de rire et pointant son doigt vers moi. Que se passe-t-il ? Je sens une main se poser sur mon épaule. En une fraction de seconde je me retourne brusquement en me dégageant de cette emprise. C'est Sammy.
— Ça ne va pas Ulysse ? Tu sais ce qui se passe au bar toi ? Me demande-t-il.
— Heu... non... je ne sais pas trop. Marmonné-je, gênée d'être aussi près de lui.
Il se met à rire. Il pose soudainement sa main sur ma joue et se rapproche lentement de mon visage. Ses yeux plongent dans les miens, je me perds dans leur bleu intense et la profondeur de leurs reflets azur. Je n'ose pas bouger, ce mec est quand même canon ! Je parviens tout de même à détourner le regard un instant en direction de la table renversée. J'y vois ma meilleure amie, encerclée par les garçons de l'équipe de foot excepté Peter que je n'ai pas vu de la soirée d'ailleurs... Je repousse de toutes mes forces Sammy qui semble étonné qu'une fille puisse résister à son charme, je n'ai pas le temps pour ça, pas ce soir. J'accours aux côtés d'Hélia, couverte de soda et morte de honte. Elle a une entaille sur le long de son mollet droit, elle saigne beaucoup. Personne ne semble le remarquer. En levant les yeux, je me retrouve paralysée face à tous ces gens. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce à cause de la honte que cette situation peut me procurer ou est-ce la colère qui bouillonne en moi soudainement ?
— Qu'est-ce que vous foutez ? Vous ne pouvez pas l'aider au lieu de vous moquer comme toujours ? Vous êtes sacrément cons ! m'écriai-je.
Aucune réponse, seulement des regards insistants en direction de mes atouts féminins. J'en ai assez, je brandis le bras de mon amie et commence à l'accompagner vers la sortie quand soudain les portes de la terrasse s'ouvrent violement. Peter fonce dans le tas de footballer, enchaînant les coups de poings. Il a le visage rouge, les sourcils froncés. Ses yeux ont cependant une lueur triste, comme si tout cela le rongeait de culpabilité. Il enfonce avec acharnement son pied dans le ventre d'un joueur avec rapidité tout en réceptionnant un coup au visage. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi enragé. Les garçons aux blousons rouges finissent par s'écarter, trop amochés pour riposter. Mais d'où lui vient une telle force ? Seul contre quatre et il ne les a pas loupés... Ce n'est pas possible. Peter se tient devant nous, penchés en avant, se soutenant à ses genoux pour ne pas vaciller. Il a un bleu en visage et son nez saigne. Personne ne cause, le temps semble s'être arrêté. La lumière s'intensifie tout à coup, une forte lumière blanche pénètre dans la pièce et ma vision se brouille. Je ne vois plus rien à part la silhouette de notre sauveur. Je ne sens plus le bras d'Hélia entre mes doigts. Je m'avance vers lui d'un pas hésitant, et si tout le monde était en train de nous regarder ? Mais il n'y a personne. Peter se redresse et s'avance. Il déploie ses bras pour me prendre dans ses bras et m'enlace tendrement. Je me blottis contre son torse, j'entends les battements de son cœur qui s'emballe. Lorsque je lève le nez pour le regarder, ses lèvres se posent sur les miennes doucement. Il glisse ses mains en bas de mon dos et retire ses lèvres des miennes. Il me regarde, souriant. Je lui souris aussi, je ne sais pas pourquoi.
— Ulysse.... chuchotte-t-il.
La lumière devient plus vive, je ferme les yeux. On les ouvrant, je ne suis plus blottie contre lui mais à l'entrée de la maison avec le bras d'Hélia dans mes mains, pleurant. C'était une vision... mais pourquoi celle-ci ?
-
Commentaires