• chapitre trois // extrait six

    Je me trouve dans le hall d’entrée, comme à mon habitude. J’attends mon copain pour aller déjeuner. Mon carnet ouvert dans mes mains, je réfléchis à une nouvelle idée de poème pour mon cours d’anglais de cet après-midi. Ce qui est bien quand on a plus d’amis, c’est qu’on a du temps pour travailler. L’ensemble de mes notes sont remontées et les profs l’ont remarqué. J’accumule les félicitations de ces derniers. D’ailleurs je revois M.Lovergrant aujourd’hui, cela faisait pas mal de temps que je n’avais pas eu d’entretient avec lui, c’est plutôt bon signe ! Tandis que je m’apprêtais à débuter un croquis pour illustrer mon futur poème, je vis Déméthys s’approcher de moi. Elle n’est pas avec Hélia.  

    — Salut ! Me dit-elle 

    Je ne répondis pas, faisant mine de ne pas avoir entendu. Je fixe mon crayon, je ne sais pas quoi dire. Je n’ai rien à dire à lui dire à elle !   

    — Écoutes, je sais que tu n’es pas d’humeur à nous parler mais... Elle lâche un lourd soupire avant de poursuivre. On trouve que tu as exagéré. Déclare-t-elle, toujours en me regardant.  

    Je lui jette un regard froid. Oui, j’ai sûrement dépassé les bornes en quittant le réfectoire comme une furie mais j’ai bien le droit de penser qu’il s’agit d’une trahison. 

    — Je n’ai pas de temps à perdre avec des lâcheuses. Hélia m’a déçue, et toi.... Je ne t’ai jamais appréciée. Dis-je sèchement.  

    Je mens, au fond Dem’ est sympa et elle n’a jamais rien dit de méchant à mon égard ou à propos de qui que ce soit. C’est trop difficile pour moi de pardonner, c’est tout. Je n’ai jamais été douée pour exprimer ce que je ressens en parlant. Je le fais au travers d’un poème ou d’un dessin, pas à l’aide de longs discours. C’est à ce moment-là que l’idée me vint, celle de dire ce que j’ai sur le cœur à ma meilleure amie : je vais lui faire un poème. Déméthys se mit à soupirer de nouveau. De toutes évidences elle n’a pas l’habitude de régler les conflits entre amis. Elle dépose un paquet à côté de moi avant de partir, m’adressant un regard désolé. Je pris le cadeau entre mes mains. Le papier est de couleur lilas, aux motifs arabesques argentés, il est aux couleurs de mon collier. Hélia me connaît si bien... Sur le ruban est accroché une étiquette en carton avec écrit mon nom en italique. Je détache les rubans et découvre mon présent. Je n’en reviens pas ! C’est magnifique ! Dans ce petit paquet était caché un collier, mais bien différent de celui que j’ai reçu dans notre rêve. Il est long, la chaine est argentée et plus fine. À son extrémité est accroché un pendentif d'ambre. Il est magnifique ! Je sais que mon amie affectionne beaucoup les pierres, les cristaux et tout ce genre de choses. Elle voit en elles une sorte de force énergétique. Une fois, lorsque je suis allée pour la énième fois dans son appartement, j’avais trouvé une boite où elle y stockait toutes ses collections de pierres et cristaux, l’une d’elle m’avait beaucoup plu... C’est cette ambre. Je sentis à cet instant une vague de nostalgie balayer mon ventre de sentiments anciens. Sur ma peau, un petit filet de larme s’écoulait. Hélia me manque... Je dois la pardonner, je vais apprendre à le faire pour une fois dans ma vie !  

    Je me précipite jusqu’au bureau de M.Lovergrant. Plus tôt j'aurai passé ce rendez-vous, plus tôt je pourrais écrire mon poème et le réciter en guise de retrouvailles. Je traverse le long couloir du rez-de-chaussée et fini par arriver devant la porte en bois sombre de mon professeur principal. Alors que je levai la main pour toquer, je l’entendis parler à voix haute.  

    — Il faut absolument que je mette la main sur ce fichu pnévma... mais comment....  

    Je perdis mon appui sur ma jambe et mon poignet se cogna contre la porte. Il se tu. Je respirai un bon coup. J’ouvris directement la porte, de toutes façons il m’a entendue. Je le découvris debout devant son bureau, les cheveux en bataille, la barbe mal rasée et les lunettes de travers, tout est comme au premier jour ! Cette vision me fit rire. Je lâchai un gloussement indiscret ce qui le fit détourner le regard depuis son bouquin jusqu’à moi.  

    — Je peux t’aider Ulysse ? Me demanda-t-il surpris.  

    — oh...et bien... nous avions une entrevue aujourd’hui, je me disais que nous pouvions le faire maintenant mais vous semblez occupé alors... 

    — Non ! S'écria-t-il, lui même surpris d’un tel décibel provenu de sa bouche. Il s’éclaircit la voix. Non...assieds-toi Ulysse. Me dit-il en me montrant le siège de la main.  

    Je m’installais confortablement sur le fauteuil en face du sien.  

    — Je dois aller chercher quelque chose dans la salle de professeurs, je reviens !  

    Me voilà seule dans le bureau. Je n’avais jamais eu l’occasion de regarder ce que M.Lovergrant faisait. En fait, il ne gère pas beaucoup de classes, il n’a que la nôtre d’ailleurs... C’est étrange.  


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