• chapitre deux // extrait deux

    Je m'éloigne en courant. J'arrive dans la salle essoufflée, tout le monde me regarde. Hélia n'est pas là. Le cours est super ennuyant...La prof ne cesse de nous dire que chaque détails des démonstrations mathématiques sont importants, que tel chapitre est nécessaire pour les examens de fin d'années. Je suis inquiète pour mon amie...En sortant du cours je lui envoie un message lui demandant des nouvelles. Je mange seule ce midi-là, c'est la première fois. Ça fait bizarre, la journée passe lentement et j'ai l'impression que les cours reprennent une place dans ma vie. C'est vrai que, lorsque je suis avec elle, le lycée n'existe plus. Nous sommes dans notre monde utopique. J'étais plongée dans mes pensées quand quelqu'un me tape sur l'épaule. Camryn se tient derrière moi, tout sourire.  

    —Alors Ulysse, tu es toute seule ? Tu veux te joindre à nous peut-être ?  

    Elle pointe son doigt vers une tablée de joueurs de foot et de cheerleaders. Je n'ai à peine le temps de répondre que je la vois prendre mon plateau et l'apporter à leur table. Je n'ai pas le choix, je dois faire ce sacrifice. "Aller Ulysse, tu vas survivre. Ce n'est pas comme si ce genre de personnes étaient ton exact opposé et que tu les trouvais ridicules." J'essaie de me faire aussi discrète que possible mais c'est compliqué quand une grande blonde te force à participer à la conversation.  

    — Les gars voici Ulysse, on trainait ensemble quand on était au collège mais les temps changent...On est tout de même restées potes, n'est-ce-pas P'tit Loup ? Déclare Camryn à toute sa clique.  

    P'tit Loup était mon surnom. La première fois qu'elle m'avais surnommée de la sorte, on devait avoir 6 ans, on jouait au Petit Chaperon Rouge, j'étais, sans surprise, le méchant loup de l'histoire. Aujourd'hui il n'a plus aucune signification car nous n'avons absolument pas gardé contact comme elle ose le prétendre, et ne nous croyons plus aux contes. Je me contente de leur sourire et je continue à manger.  

    — Tu te rappelles de moi ? Dit le roux. 

    — Oui, tu m'as bousculée dans le couloir, mes fesses s'en souviennent encore.  

    Tout le monde rigole. Au moins ils ne sont pas trop méchants, enfin pour l'instant. Camryn le rejoint de l'autre côté de la table et s'assoie sur ses genoux. Elle se met à l'embrasser. Ils s'embrassent. Encore et encore. Personne ne trouve ça gênant mais moi oui. J'entends des petits bruits de bave, leurs lèvres qui se collent et se décollent. Ça me coupe la faim. Je n'ai jamais été en couple, je viens de saisir pourquoi. Cependant, je n'aurais jamais imaginé ces deux-là ensembles. Ils cessent enfin leur embrassade et finissent par manger leurs tacos au fromage.  

    — J'ai rencontré Peter cet été pendant mon stage à la piscine. Il était maitre-nageur. Trop sexy ! Piaille-t-elle.  

    — Et toi en maillot de bain t'étais top canon bébé. Lui répond Peter.  

    Et ils recommencent à s'embrasser. Je n'ose même plus les regarder de peur de leur vomir dessus. Ils sont collés l'un à l'autre pendant tout le déjeuner. Le pire c'est qu'ils viennent de manger, ça ne doit pas être super propre ! Ils devraient aller voir sur internet si ce genre de pratique n'est pas mortelle...en tout cas, elle est en train de me tuer de dégout. Je ne comprends pas.  

    Je ne revois pas Hélia pendant une semaine entière. Elle m'a envoyé un sms m'expliquant qu'elle était tombée malade, une fièvre apparemment. Elle précise que tout va bien et qu'elle pourra revenir au lycée dans quelques jours. Je me sens seule sans ma petite latiniste. Je m'ennuie d'elle. Je suis obligée de manger avec Camryn et ses clones, je les appelle les Cams. Elles sont toutes blondes, enfin sauf Camryn qui s'est fait teindre les cheveux. Les garçons font presque tous partie d'une équipe du lycée. Je suis la seule brune et je suis la seule qui n'est pas populaire. De plus, notre projet de former un club avec Hélia est en train de se dissiper. Je n'ai pas fait grand-chose pour l'empêcher. Et puis, ce n'est pas vraiment de ça que veut me parler M.Lovegrant à chaque fois que je le vois. En ce moment, il veut souvent que je le consulte dans son bureau pour parler de mon avenir, de mes notes. Aujourd'hui, je dois le consulter pour la quatrième fois en une semaine. Je dis aurevoir aux Cams et je me dirige à la porte 006, bureau du prof principal des terminales A. Lovegrant Junior, un surnom que les élèves lui ont donné, m'attend un café chaud à la main.  

    — Ah te voilà ! Je t'attendais. S'exclame-t-il. 

    Je m'assois en face de lui. Il ouvre mon dossier scolaire, comme s'il ne le connaissait pas déjà.  

    — Ulysse...Je ne sais pas si tu t'en rends compte mais tes résultats sont pour le moment...Insuffisants.  

    — Monsieur, je sais que je ne suis pas brillante. Mais ne vous inquietez pas.  

    — Si je m'inquiète ! C'est mon rôle de t'aider. Que veux-tu faire plus tard ?  

    Je n'y avais jamais vraiment réfléchi, à mon avenir. Il me pose une colle là. En réalité, je n'en sais rien, j'ai pas envie de savoir.  

    — Je n'en sais rien. J'aime peu de choses mais je ne veux pas en faire mon métier.  

    —  D'accord. Essaye d'y réfléchir avant le mois de mars s'il te plait.  

    — C'est dans longtemps ! Je trouverais d'ici là.  

    Je quitte le bureau mais M.Lovergrant me retiens.  

    — Si tu pouvais prédire l'avenir ce serait plus simple. Dit-il, un sourire au coin des lèvres.  

    Je ne réponds pas et referme la porte.


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